Trevor Robinson, alias Pete Blake

Mon personnage s'appellera Trevor Robinson dans le jeu : il est donc prêtre, américain, âgé de 27 ans après avoir changé d'identité : en effet, c'est à l'origine un ancien officier haut-gradé (colonel) britannique au Nigeria (vers 1920, c est encore une colonie british), profondément raciste, misogyne... avec ce que cela peut engendrer comme dérives verbales et comportementales quand il doit s'adresser à des soldats de couleur, ou pire encore, car elles cumulent, aux femmes noires. Sous ses airs débonnaire et impassible, sommeillent en lui une haine profonde, une violence insoupçonnée qu'il ne peut s'empêcher de laisser entrevoir à certains instants.

Son changement d'identité est dû à des problèmes avec la justice nigériane qu'il a eu 4 ans auparavant, à l'époque où il s appelait encore Francis Johnson. A l'issue d'une soirée assez mondaine à Lagos (capitale) à laquelle Johnson était invité et alors qu'il était passablement éméché, il fut pris à partie par deux hommes noirs qui tentèrent de le détrousser de son porte-monnaie et des divers bijoux qu'il portait. Mais il ne se laissa pas faire, et fort de son expérience de militaire, il les mit rapidement hors d'état de nuire. Mais, son alcoolémie élevée aidant, il ne s'arrêta pas en si bon chemin. Il prit son arme, équipée d'un silencieux, qu'il avait toujours sur lui (c'était un des enseignements majeurs qu'il avait tiré de ces 2 premières années dans ce pays de sauvages) et les abattit d'une balle en pleine tête, non sans leur avoir explosé les dents contre le trottoir au préalable. Toutefois, Johnson n'avait pas pris garde que trois mendiants étaient plantés au coin de la rue, à quelques mètres de lui, et avaient pu assister à toute la scène. Quand ils se sentirent repérés, ils prirent la fuite, immédiatement poursuivis par Johnson. Mais ces petits biafrés couraient si vite, que malgré son entraînement militaire et une bonne condition physique, il ne put les rattraper. Alors qu'il s'était résolu à abandonner la poursuite, perdu qu'il était dans le dédale des rues de Lagos, Johnson fut agressé sauvagement par derrière par les trois mendiants, l'un d eux réussissant même à planter profondément son couteau dans la cuisse gauche de Johnson. Bien que tiraillé par la douleur, il trouva néanmoins les ressources nécessaires pour sortir son arme et réussit à tuer un par un les agresseurs. Cependant, l'un d'eux s'écroula contre la porte d'une habitation. Les occupants de la maison se précipitèrent immédiatement pour voir ce qu'on pouvait bien leur vouloir à une heure si tardive, eux qui avaient justement choisi ce quartier plutôt résidentiel pour sa tranquillité. Quand ils découvrirent la scène (Johnson, à moitié pétrifié, ivre qu'il était et ayant perdu beaucoup de sang au milieu des 3 cadavres (les 2 premiers n'allant pas tarder à être découverts)), la rancœur accumulée depuis tant d'années envers les occupants britanniques surgit de façon brutale et primaire ! Ils alertèrent immédiatement tout le quartier pour organiser dans la foulée le lynchage publique de ce chien galeux de blanc qui avait osé tuer au moins 3 des leurs.
Fort heureusement pour Johnson, il n'était pas le seul haut-gradé de l'armée britannique, il y avait également son supérieur, le général Miller. Après avoir appelé des renforts et avoir réussi tant bien que mal à arracher Johnson aux mains de la foule vindicative, Miller le fit enfermé dans la prison militaire de Lagos, et en remerciement des services très personnels rendus par Johnson (Johnson avait éliminé l'amant de la femme du général à la demande de celui-ci qui se savait avoir une dette envers son colonel), le laissa volontairement s'échapper, une nuit d'été, ce qui permit à Johnson de gagner l'aéroport public et prendre le premier vol au départ, quelle que soit la destination, grâce à une bourse d argent offerte par Miller.

Trevor, ressassant en boucle la scène de fusillade au cours de laquelle deux policiers ont été tués, sort de l'hôpital où il a été soigné de ses blessures.
- Encore deux innocents qui ont payé de leur vie... Mais tel était leur destin ... Et puis je n'avais pas le choix, c'était eux ou nous, et dans ces cas-là, Dieu a dit qu'il était mieux de donner que de recevoir... donc si même Dieu le dit

L'once de regret qui avait commencé à l'envahir n'était déjà plus qu'un lointain souvenir.
Mais que devait-il faire maintenant ? Retourner dans sa paroisse et continuer à y prêcher la bonne parole, sentant que de plus en plus son discours est déconnecté d'une réalité prenant petit à petit l'allure d'une apocalypse. La société est maintenant profondément gangrénée de l'intérieur, tiraillée qu'elle est par son penchant pour l'alcool, que la prohibition n'avait contribué qu'à accentuer, et pour les armes qui étaient devenues la voix de la loi du talion qui fait foi désormais.
"La jungle humaine... Œil pour œil, dent pour dent.... Voilà le résultat de tant d'années consacrées à Dieu ... Tout ça pour ça "

Trevor ruminait ces quatre points inlassablement, il avait l'impression d'avoir gâché une partie de sa vie et ce sentiment lui était insupportable, lui qui s'était toujours senti investi d'une mission sur Terre. Certes, cette mission qu'il s'était auto-confié n'avait pas toujours été au premier rang de ses préoccupations, et on pouvait même dire qu'il s'en était totalement moqué des années durant, notamment pendant la période où il était colonel en Afrique. Quoiqu'il en soit, mission ou pas, sa situation actuelle ne pouvait pas continuer et ça, Trevor en avait l'intime conviction au plus profond de lui. Non seulement sa couverture de prêtre lui pesait, mais en outre elle lui était inutile maintenant. Après tout, on n'allait quand même pas le poursuivre toute sa vie pour avoir tué "3 malheureux macaques" qui seraient probablement morts de faim à l'heure actuelle s'il ne les avait tués en état de légitime défense. C'était décidé, le Père Robinson n'était plus et ne serait plus.

Cependant, durant tout ce temps où il avait servi l'église, Trevor s'était constitué un vaste réseau de connaissances de tout bord, et il pouvait compter sur un gros noyau de fidèles qu'il avait su convaincre. Disparaître du jour au lendemain ne lui serait pas chose facile, un avis de recherche serait très vite lancé, il serait très vite recherché et son portrait diffusé dans toute la ville, voire même dans toute la région. Face à ces constatations pleines de bon sens, la seule solution à la disposition de Trevor était de simuler sa propre mort puis de déménager dans une autre ville et de s'y faire discret.

La deuxième partie du plan ne devrait pas poser de gros problèmes, toute la difficulté résidait dans la mise en scène de sa mort. Il fallait que :
1) la mort soit crédible et ne soulève aucun soupçon.
2) la victime soit bien identifiée comme étant le Père Robinson.
Après avoir retourné le problème dans tous les sens, Trevor eut soudain une illumination : "Sam ! Oui, Sam !" cria-t-il.... Sam était un des nombreux mendiants SDF qui végétaient dans le quartier et qui avaient élu domicile dans un petit squat près de la paroisse. Sam présentait le double avantage, d'une part d'être à l'écart des autres SDF qui ne l'avaient jamais accepté, et d'autre part d'avoir une morphologie semblable à celle de Trevor.

Trevor alla donc discrètement trouver Sam, un soir où il prit garde de n'être vu de personne. Sam dormait un peu à l'écart des autres, ce qui allait encore faciliter la tâche de Trevor, qui eut simplement à lui donner un violent coup de crosse derrière la tête pour être sûr que Sam ne se réveillerait plus. Puis il le chargea sur son épaule, tel un vulgaire sac de pommes de terre, et pénétra sans bruit faire dans l'église par la petite porte de derrière dont il était le seul à posséder la clef. Puis il le déshabilla, lui enfila les vêtements qu'ils avaient l'habitude de porter le plus souvent. Il fourra également dans la poche du nouveau pantalon de Sam une vieille bouteille de gnôle d'une marque difficilement trouvable même au marché noir et dont tous ceux qui le connaissaient savaient que le Père Robinson était friand. Puis Trevor mit le feu à l'église, ressortit par la porte de derrière après avoir laissé la clé sur la porte côté intérieur. Dans quelques heures, le Père Robinson sera réduit à l'état de vulgaires cendres.

Trevor s'éloigna par des petites ruelles où il était sûr de ne croiser personne, puis grimpa au sommet de la colline qui surplombait le quartier de la paroisse. Il s'assit et contempla le spectacle de "son" église qui partait en fumée, avec toute la symbolique que cela avait pour Trevor.
Trevor Robinson n'existait plus, désormais il se fera appeler Pete Blake, il sera vendeur dans une librairie de la nouvelle ville, proche de Boston, où il s'est établi et où il est désormais libraire.